Le marché de l’emploi marketing a repris des couleurs en 2024, selon la dernière édition du Global Marketing Jobs Outlook signé LinkedIn. Mais au-delà de la reprise quantitative, l’étude révèle une transformation profonde des compétences recherchées par les employeurs. Décryptage…
Le marché de l’emploi du marketing a repris des couleurs en 2024
Les offres d’emploi marketing ont bondi de 76 % sur LinkedIn en 2024, avec une reprise particulièrement marquée dans la tech et les services financiers. Ce rebond s’accompagne d’une satisfaction élevée des marketeurs : 91 % se disent satisfaits de leur poste actuel, et 67 % des CMOs se déclarent même « très satisfaits ».
Paradoxalement, cette satisfaction n’empêche pas la mobilité : 55 % des marketeurs se disent prêts à changer de poste pour la bonne opportunité. Une ouverture au changement qui reflète peut-être l’inquiétude du secteur face aux évolutions technologiques : 72 % se sentent dépassés par la rapidité des changements, notamment liés à l’IA.
Dans ce contexte mouvant, LinkedIn a identifié quatre tendances majeures qui redéfinissent le profil du marketeur : l’agilité devient indispensable, l’hybridation des compétences s’accélère, les micro-formations s’imposent et la collaboration émerge comme critère de performance mesurable. On fait le point…
#1 L’agilité n’est plus une option pour les marketeurs
Le rapport de LinkedIn sur le marché de l’emploi marketing révèle une accélération des changements qui touchent la fonction : évolution rapide des comportements d’achat B2B, nouvelles compétences à acquérir (l’IA générative, mais aussi la mesure du ROI), transformation des processus de décision, etc.
Cette accélération impose aux marketeurs d’adopter de nouvelles pratiques en permanence. Un exemple concret : alors qu’un marketeur pouvait auparavant se concentrer sur quelques canaux (emailing, LinkedIn, événementiel), il doit aujourd’hui jongler entre une multitude de points de contact, du Social Selling aux interfaces conversationnelles.
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L’étude montre également que les marketeurs les plus sollicités sur le marché de l’emploi sont ceux qui ont démontré leur capacité à pivoter rapidement. Par exemple, les profils qui ont su intégrer l’IA pour réduire le coût de leur fonction, ou ceux qui ont réussi à maintenir la performance marketing pendant la transition vers un nouveau CRM, etc.
Cette capacité d’adaptation rapide devient un critère de recrutement à part entière, selon LinkedIn. Les entreprises ne cherchent plus des experts d’un canal ou d’un outil, mais des profils capables d’apprendre (et de désapprendre) en continu selon l’évolution des technologies et des usages.
#2 L’hybridation des compétences marketing s’accélère
Le rapport de LinkedIn confirme une tendance de fond : les marketeurs les plus sollicités par les employeurs sont ceux qui combinent expertise technique et compétences relationnelles. Fini le temps où l’on pouvait se contenter d’être un bon stratège ou un bon analyste.
Les entreprises recherchent des profils capables non seulement de paramétrer des campagnes complexes, mais aussi de collaborer avec les équipes commerciales et de vulgariser leurs résultats auprès de la direction.
L’arrivée de l’IA renforce ce besoin de double compétence. Les marketeurs doivent maintenant maîtriser les outils d’IA tout en gardant leur capacité à construire des messages qui résonnent avec leurs cibles de manière authentique. Un équilibre subtil entre automatisation et personnalisation humaine qui nécessite des soft-skills et de l’expérience.
La capacité à communiquer de manière claire et convaincante devient paradoxalement plus importante avec la complexification technique du marketing. Les recruteurs privilégient les profils qui peuvent expliquer et articuler simplement des concepts complexes et fédérer différentes équipes autour d’une stratégie marketing.
#3 Le succès des micro-formations spécialisées
Les données de LinkedIn révèlent une corrélation directe entre formation continue et évolution de carrière. Les profils qui suivent régulièrement des formations progressent plus rapidement que la moyenne.
Les marketeurs qui maîtrisent les outils d’IA générative (comme ChatGPT, Claude ou Midjourney) sont particulièrement recherchés par les recruteurs, avec une forte augmentation des sollicitations depuis le deuxième semestre 2024.
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Les micro-certifications ciblées (2 – 3h sur un sujet précis) remplacent progressivement les formations longues et généralistes. Cette approche modulaire permet de maintenir une veille active sans impacter la productivité quotidienne.
Les communautés de pratique et groupes d’échange (comme les Revenue Clubs ou les CMO Forums) complètent ce dispositif en permettant aux marketeurs de confronter leurs expériences et d’accélérer leur montée en compétences.
#4 La collaboration devient un critère de performance mesurable
Les entreprises qui surperforment ont un point commun : leurs équipes marketing ne travaillent plus en silo (ni entre elles, ni avec la force de vente). Le rapport LinkedIn montre que les projets marketing qui impliquent plusieurs services (commercial, produit, Data) obtiennent de meilleurs résultats que les projets menés de manière isolée.
Cette tendance se manifeste également dans les nouveaux outils de la MarTech. Les plateformes les plus adoptées en 2024 intègrent toutes des fonctionnalités collaboratives (annotations partagées sur les campagnes, tableaux de bord multi-équipes, workflows transverses, etc.).
La capacité à fédérer différentes expertises devient aussi un facteur clé de succès, notamment sur les projets complexes comme le lancement d’un nouveau produit ou la refonte d’un positionnement. Les marketeurs isolés dans leur expertise, même excellents techniquement, peinent à avoir un impact business significatif.
Les entreprises adaptent logiquement leur organisation en conséquence, avec l’émergence d’équipes « en squads pluridisciplinaires » (un marketeur, un commercial, un analyste, un créatif) plutôt qu’en services spécialisés, par exemple pour mener une campagne d’Account-Based Marketing (ABM) ou démarrer un Go-to-Market (GTM).