Le télétravail a incontestablement amélioré le quotidien de millions de salariés en leur épargnant les trajets quotidiens, en leur faisant gagner quelques minutes (ou heures ?) de sommeil dans un pays qui dort peu et mal et, parfois, en leur permettant de mieux concilier vie professionnelle et personnelle.
Mais il y a une ombre au tableau : le travail à domicile, notamment à temps plein, a entraîné une augmentation notable des troubles musculosquelettiques (TMS), en particulier le mal de dos. Selon l’Ifop, près d’un télétravailleur sur deux est concerné… et il y en a donc forcément dans votre équipe. Pourquoi cette augmentation et comment y remédier ? Décryptage…
Sommaire
Les troubles musculosquelettiques, une menace silencieuse
Les TMS affectent plusieurs parties du corps, notamment les muscles, les tendons, les nerfs et les articulations, et sont généralement le résultat de mouvements répétitifs, de postures inconfortables maintenues trop longtemps, de mouvements brusques et d’efforts physiques mal dosés.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le mal de dos fait bel et bien partie des TMS, et il affecte une proportion importante de la population active en France.
Selon une enquête réalisée par l’Ifop pour Percko, 46 % des travailleurs ayant mal au dos ont déjà eu du mal à accomplir leurs tâches domestiques ou professionnelles en raison de leur douleur. Fait intéressant : le mal de dos est le TMS le plus courant chez les travailleurs (67 %), devant les douleurs aux épaules et à la nuque (58 %), au genou (38 %), au poignet (30 %) et au coude (15 %).
Mal de dos : conséquence physiologique de plusieurs « mauvaises habitudes », mais pas seulement
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’apparition et/ou à l’exacerbation du mal de dos, notamment les mauvaises postures, la sédentarité, les mouvements répétitifs et certains problèmes de santé sous-jacents comme l’arthrose, la scoliose et les hernies discales, souvent négligées ou mal diagnostiquées.
Les travailleurs qui restent assis pendant de longues périodes, comme ceux qui travaillent devant un ordinateur, sont particulièrement vulnérables. Une posture assise incorrecte peut exercer une pression excessive sur les muscles, les ligaments et les disques intervertébraux de la colonne vertébrale, entraînant éventuellement une hernie discale à long terme. De même, une position debout prolongée avec une mauvaise posture peut entraîner une douleur dans le bas du dos.
Le télétravail et le risque accru de mal de dos
L’étude menée par l’Ifop a révélé que les travailleurs manuels et les télétravailleurs sont les plus susceptibles de souffrir de mal de dos. Deux travailleurs manuels sur cinq déclarent ressentir un mal de dos au moins une fois par semaine, une prévalence légèrement plus élevée chez les femmes. Près d’un télétravailleur sur deux (46 %) déclare également souffrir de mal de dos à la même fréquence.
Les télétravailleurs sont particulièrement à risque en raison de leur environnement de travail potentiellement non ergonomique. En l’absence de mobilier de bureau approprié, ils peuvent être tentés de travailler depuis le canapé, la table basse ou le lit, ce qui peut entraîner des douleurs au dos. De plus, l’utilisation d’un ordinateur portable à une hauteur inappropriée peut entraîner une courbure excessive de la colonne vertébrale.
Bonnes pratiques pour prévenir le mal de dos chez les télétravailleurs
La prévention du mal de dos chez les télétravailleurs est cruciale pour préserver leur santé et leur bien-être. Voici quelques bonnes pratiques que vous pouvez mettre en œuvre pour réduire les risques associés au télétravail prolongé dans vos équipes :
- Sensibilisation : sensibilisez vos collaborateurs sur les dangers du travail prolongé à domicile et donner-leur des conseils clairs pour prévenir le mal de dos. Vous pourriez par exemple organiser des webinaires avec des professionnels de la santé et de la sécurité au travail ;
- Équipements ergonomiques : les employeurs doivent fournir à leurs collaborateurs du matériel ergonomique, notamment des chaises de bureau confortables, des supports pour ordinateurs portables et des claviers et souris adaptés. Selon l’étude de l’Ifop, 60 % des télétravailleurs considèrent que l’implication de leur entreprise dans l’achat de matériel ergonomique est aujourd’hui « insuffisante » ;
- Promouvoir les pauses actives : les employeurs devraient encourager leurs employés à prendre des pauses régulières pour se lever, s’étirer et bouger ;
- Suivi individuel : les employeurs pourraient proposer des sessions de suivi individuel pour aider les travailleurs à adopter une posture correcte, à s’étirer régulièrement et à améliorer leur environnement de travail. Ces sessions pourraient être dirigées par des professionnels de la santé et de la sécurité au travail, par exemple des ergonomes et des ostéopathes ;
- Évaluation de l’environnement de travail à domicile : vous pourriez également envisager d’évaluer l’environnement de travail à domicile pour identifier les risques potentiels liés à la posture, la sédentarité et l’environnement de travail.
L’exercice physique : une solution à ne pas négliger
L’intégration d’exercices physiques réguliers à la routine quotidienne des télétravailleurs peut faire la différence dans la prévention du mal de dos et, plus largement, des TMS. L’activité physique permet non seulement de renforcer les muscles du dos, mais aussi d’améliorer la posture et de soulager la pression sur la colonne vertébrale.
Des études ont montré que les exercices de type renforcement musculaire et étirements peuvent aider à limiter les raideurs articulaires et les douleurs musculaires et à favoriser une meilleure mobilité. L’activité physique régulière permet également de prévenir la récurrence de la douleur lombaire. De nombreux exercices peuvent être bénéfiques pour le dos, par exemple :
- Exercices de renforcement du « core » : ces exercices ciblent les muscles de l’abdomen et du dos qui soutiennent la colonne vertébrale. Le renforcement de ces muscles améliore la posture et réduit le risque de douleurs dorsales ;
- Exercices de flexibilité : les étirements peuvent limitent la tension dans les muscles du dos et améliorent la mobilité de la colonne vertébrale. Le yoga et le Pilates peuvent être particulièrement bénéfiques pour améliorer la flexibilité du dos.