Gary Illyes, analyste chez Google, a confirmé lors d’une conférence récente sur le SEO que Google n’a besoin que de très peu de liens entrants (ou backlinks) pour bien positionner une page ou un site web.
C’est donc un (grand) signal supplémentaire pour les annonceurs qui doivent se concentrer sur d’autres facteurs qui pèsent davantage dans la course à la première page (ou à la première place).
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Il était une fois… le SEO piloté par le backlink
À la fin des années 1990, les moteurs de recherche ont estimé que les liens entrants constituaient un bon signal pour évaluer l’autorité d’un site web sur une requête donnée. Quelques années plus tard, Google a développé l’idée selon laquelle le texte qui portait le lien, ou l’ancre, pouvait être utilisé pour fournir des signaux sémantiques sur le contenu de la page web vers laquelle pointait le lien.
« Authoritative Sources in a Hyperlinked Environment » de Jon M. Kleinberg est sans doute le travail de recherche le plus complet sur la question. Publié vers 1998, ce papier estime que le développement exponentiel du web ne permettra jamais à un algorithme de filtrer les résultats en fonction de leur qualité de manière objective.
L’auteur a donc suggéré des indicateurs chiffrés, comme le nombre des liens entrants pour évaluer le niveau d’autorité d’un site ou d’une page web.
Extrait du papier de Kleinberg écrit : « Pour fournir des méthodes de recherche efficaces dans ces conditions, il faut un moyen de filtrer, parmi une énorme masse de pages pertinentes, un petit ensemble de pages ayant le plus d’autorité ou qui sont les plus pertinentes ».
Il s’agit indéniablement du travail de recherche le plus influent sur les backlinks, car il a donné le coup d’envoi à d’autres recherches sur les moyens d’utiliser les liens non pas comme un indicateur d’autorité, mais comme un indicateur subjectif de pertinence.
Ce qui est objectif est factuel. Ce qui est subjectif relève de l’opinion. Les fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, ont donc misé sur le subjectif pour évaluer la pertinence, en se basant sur les opinions des internautes notamment (via les clics, le taux de rebond, etc.). C’est en tout cas ce qu’ils ont écrit dans « The Anatomy of a Large-Scale Hypertextual Web Search Engine ».
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La position de Google sur les backlinks en 2024
Lors d’une récente conférence sur la recherche web en Bulgarie, Gary Illyes a donc déclaré que Google n’avait pas vraiment besoin de tant de liens que cela pour évaluer la pertinence et l’autorité d’un site web, et que Google a progressivement réduit le poids des backlinks dans son algorithme de classement.
« Nous avons besoin de très peu de liens pour classer les pages… Au fil des ans, nous avons rendu les liens moins importants ». Quelques jours plus tard, Gary Illyes a toutefois tweeté : « Je n’aurais pas dû dire ça… Je n’aurais vraiment pas dû dire ça ». Comme souvent, avec Google, il va falloir lire entre les lignes et décrypter les petits signaux.
Pourquoi les backlinks sont aujourd’hui moins importants dans le SEO ?
Lorsque Google a commencé à utiliser les backlinks à des fins de classement, le texte d’ancrage n’était absolument pas forcément la norme. Les liens étaient généralement affichés dans leur entièreté. À mesure que le web devenait plus intuitif, les liens ont été ancrés dans un petit texte, le plus souvent entre un et cinq mots. Google a donc profité de l’occasion pour utiliser cette nouvelle information à des fins sémantiques, mais aussi pour évaluer l’autorité du site de destination.
À partir de 2005, Google a commencé à utiliser l’analyse statistique pour détecter les liens « manipulés ». Les liens dits « Powered-by », que l’on retrouve encore aujourd’hui dans les pieds de page des sites web (notamment pour mentionner l’agence qui a fait le site), ont été éjectés des signaux SEO pour éviter les abus.
En 2006, les liens insérés dans des ancres à consonance publicitaire ont cessé de transmettre de la valeur SEO. En 2012, ce sont les liens provenance d’annuaires qui ont été ciblés. La même année, Google s’est attaqué au phénomène du Guest Posting et de l’échange des liens via sa mise à jour Penguin, affectant le classement de millions de sites web.
En 2019, Google ne pouvait quasiment plus se baser sur les backlinks pour évaluer la pertinence des pages web dans son classement, tellement ce facteur était biaisé. Comme l’explique Gary Illyes, Google a même dû se rabattre sur les liens dits « nofollow » pour trouver des signaux de classement pertinents.
Google confirme explicitement que les backlinks ont moins d’importance
En 2023, Gary Illyes a déclaré lors de la conférence PubCon que les backlinks ne figuraient même pas dans le top 3 des facteurs de classement du moteur de recherche.
Puis, en mars 2024, dans le contexte de la nouvelle mise à jour de l’algorithme du moteur de recherche, Google a mis à jour sa documentation sur les règles en matière de spam et de référencement afin de minimiser l’importance des liens pour le classement.
- La documentation indiquait précédemment : « Google utilise les liens comme un facteur important pour déterminer la pertinence des pages web » ;
- La mise à jour de la documentation a supprimé le mot « important ». Désormais, on peut lire : « Google utilise les liens comme facteur pour déterminer la pertinence des pages web ».
Début avril, John Mueller, Senior Search Analyst chez Google, a affirmé qu’il y avait « des techniques de référencement plus utiles que les backlinks ». Et de poursuivre : « se concentrer plus que de raison sur les liens vous fera perdre votre temps sur des choses qui n’améliorent pas le positionnement de votre site web ».