Un compte peut représenter à lui seul 10 % de votre marché adressable. Mais comment capter l’attention de ses décideurs s’ils reçoivent des centaines de sollicitations par mois (voire plus) ? C’est tout l’enjeu de l’ABM one-to-one : mobiliser toutes les ressources marketing et commerciales sur un seul compte pendant plusieurs mois.
Dans cet article, on revient sur ces comptes qui méritent cet investissement, ainsi que les points de vigilance pour éviter le hors-piste.
Sommaire
Qu’est-ce que l’ABM one-to-one ? Et par opposition à quels autres formes d’ABM ?
L’ABM one-to-one mobilise l’ensemble des ressources marketing et commerciales sur 1 à 5 comptes par an, le plus souvent un compte à par campagne. C’est la forme la plus « noble » de l’ABM, dans la mesure où elle s’inscrit comme l’antithèse du marketing d’acquisition classique qui ratisse large pour générer un maximum de leads plus ou moins qualifiés.
Là où l’ABM one-to-few cible des clusters de 5 à 20 comptes similaires et où l’ABM one-to-many touche 50 à 100 comptes avec un niveau de personnalisation limité (pour mettre l’automatisation), l’ABM one-to-one pousse la personnalisation à son maximum : chaque compte est traité comme un marché unique, de manière nominative.
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Nous sommes donc sur une campagne sur mesure, pensée pour le compte cible (et non pas un cluster ou un segment), avec :
- Des contenus créés exclusivement pour le compte cible, basés sur l’analyse de son rapport annuel, ses documents financiers, ses communications LinkedIn (posts des dirigeants et de la marque employeur), ses communiqués de presse, ses offres d’emploi, ses interventions en conférence, ses dépôts de brevets et ses cas clients publiés ;
- Un plan média dédié qui cible les décideurs identifiés de manière directe ;
- Des événements privés organisés sur-mesure
- Une équipe pluridisciplinaire (marketing, commercial, produit) dédiée au compte.
Le budget moyen par compte dépasse généralement 30 K €, principalement investi dans la production de contenus premium, l’organisation de micro-événements VIP et les campagnes média ultraciblées.
Si l’ABM nécessite par essence une collaboration étroite entre les équipes, sa forme one-to-one exige un alignement quasi-parfait : les commerciaux cartographient le compte et ses circuits de décision, le marketing analyse la stratégie du compte et crée les contenus, le service client étudie les retours de comptes similaires, l’équipe produit adapte sa roadmap aux besoins identifiés, etc.
Quand déployer l’ABM one-to-one ?
En règle générale, l’ABM one-to-one se justifie dans trois cas d’usage.
Le Dream Account
Il s’agit d’un compte à très (très) fort potentiel commercial, qui représente par exemple plus de 10 % de votre marché adressable. Pour dire les choses clairement, c’est le compte qui peut changer l’envergure de votre entreprise.
Exemple : un éditeur de logiciel RH qui cible Capgemini (330 000 collaborateurs) ou Orange (137 000 collaborateurs). La signature de ce type de compte déclenche généralement un effet domino : les concurrents directs s’intéressent à votre solution, les cabinets de conseil l’intègrent dans leurs benchmarks, la presse spécialisée en parle, etc.
Le client existant à fort potentiel inexploité
Votre produit n’est déployé dans une entité de votre grand compte (dans un pays, un service, une filiale), mais le reste du groupe présente les mêmes besoins. Par exemple : vous équipez la division R&D France d’un groupe industriel (3 000 utilisateurs), alors que les divisions R&D Allemagne (2 500 utilisateurs) et UK (2 000 utilisateurs) utilisent une solution concurrente.
Ou bien votre outil de reporting financier est utilisé par la direction financière, alors que les directions achats et RH ont des besoins similaires en matière de pilotage.
Le compte verrouillé à potentiel de bascule
Ce grand compte travaille avec votre concurrent depuis 5 – 10 ans, mais plusieurs signaux indiquent une possible bascule : le DSI historique part à la retraite, le contrat-cadre arrive à échéance dans 12 mois, les utilisateurs se plaignent sur les réseaux (bugs, support défaillant, retards de mise à jour), le concurrent vient d’être racheté, etc.
Dans tous les cas, l’investissement ABM doit rester cohérent avec le retour attendu. Pour un Dream Account qui génèrerait 400K€ de revenus annuels récurrents, un budget ABM de 40K€ maintient le CAC à 10 %.
Les points de vigilance avant de lancer une campagne ABM one-to-one
Ne démarrez jamais plusieurs comptes one-to-one en parallèle : concentrez-vous sur un seul compte à la fois. Les équipes marketing et commerciales doivent pouvoir consacrer 50 % de leur temps à ce compte à fort potentiel commercial.
Validez la faisabilité avant d’investir : un compte peut sembler parfait sur le papier mais être tout simplement inaccessible. Contactez 2-3 anciens collaborateurs sur LinkedIn, échangez avec des partenaires qui le connaissent, vérifiez l’historique des appels d’offres.
Construisez une timeline réaliste : le cycle de vente moyen en ABM one-to-one est de 9 à 18 mois. Un CMO ou un CEO qui suspend la campagne au bout de trois mois pour cause de manque de résultats ne s’est pas vraiment donné le temps de générer son ROI.
Cartographiez tous les influenceurs, pas uniquement les décideurs : le champion technique qui testera votre solution, l’expert métier qui validera l’approche fonctionnelle, l’acheteur qui négociera les conditions… Chacun doit recevoir des contenus adaptés à son rôle.
Évitez l’effet « stalker » sur LinkedIn : un post tous les trois jours maximum sur les publications du compte, des commentaires uniquement quand vous avez une vraie valeur à ajouter. Le commercial en charge du compte doit valider chaque interaction. Il faut être présent, mais la frontière avec le « harcèlement commercial » est fine.
Ne dévoilez pas toutes vos cartes en une fois : gardez des angles d’attaque et des contenus premium pour les phases avancées. Un livre blanc personnalisé aura plus d’impact en phase de closing qu’en phase d’approche.
Préparez un « plan B » si le compte ne réagit pas : il est possible que malgré vos efforts, le timing ne soit pas le bon. On vous conseille notre article sur la règle des « 95 – 5 ». Identifiez un compte de repli et recyclez les contenus créés pour le one-to-one dans votre stratégie one-to-few.