Avec un marché qui pèse désormais 42 milliards d’euros, l’IA générative infuse de manière transversale sur toutes les facettes opérationnelles du business, à commencer par le point de départ de tout processus d’achat : la requête saisie sur un moteur de recherche.
Après une phase de tâtonnement qui a montré une étonnante fragilité, Google s’est relativement ressaisi et a proposé Bard en mars 2023, une réponse qualifiée de « bâclée » à ChatGPT. Six mois plus tard, Google déploie un produit bien plus en phase avec son identité : SGE, pour Search Generative Experience. Mise à jour cosmétique du moteur de recherche ou révolution de nos habitudes de navigation sur le web ? Cinq questions (et réponses) pour tout comprendre… ou presque.
Sommaire
#1 Qu’est-ce que Google SGE ?
Google Search Generative Experience (SGE) est une interface équipée d’un ensemble de nouvelles fonctionnalités de recherche qui intègre des résultats générés par l’IA dans les réponses aux requêtes saisies par les utilisateurs sur le moteur de recherche.
Tout au long de son existence, le moteur de recherche de Google a fonctionné comme suit : un robot d’indexation visite régulièrement des milliards de sites web pour collecter et indexer des informations. Le contenu indexé est alors classé par les algorithmes du moteur de recherche de Google selon des critères secrets mais suspectés : pertinence, trafic, autorité, backlinks… Objectif : proposer des résultats toujours plus utiles à l’utilisateur en fonction de sa requête et de son intention.
Google SGE a été annoncé pour la première fois lors de la conférence Google I/O du 10 mai 2023. Avant l’annonce officielle, l’effort d’intégration de l’IA dans la recherche était développé par Google sous le nom de code « Project Magi ».
Désormais, et plutôt que de s’appuyer exclusivement sur les données indexées et classées par l’approche de recherche traditionnelle de Google, le SGE utilise un grand modèle de langage (LLM), plus précisément le Pathways Language Model (PaLM) 2, à la fois pour classer les contenus proposés mais aussi pour répondre directement à la requête de l’utilisateur avec un texte généré par l’IA, sans que ce dernier n’ait à cliquer. Et ça change tout !
Entraîné sur un vaste corpus de données, le PaLM 2 est un réseau neuronal de transformation qui permet à l’IA de déduire des résultats et de formuler des suggestions afin d’améliorer les résultats de recherche des utilisateurs. Le SGE ne remplace donc pas entièrement les résultats de l’index Google existant. Il vise plutôt à les compléter… mais à les compléter massivement.
Avec cette avancée, la firme de Mountain View nourrit une ambition claire : passer d’un moteur de recherche à un moteur de réponses, capable de fournir instantanément l’information demandée.
Visuellement, Google SGE se présente sous la forme d’un encadré en haut des résultats de recherche. À gauche, une réponse rédigée par l’IA donne l’information principale. En dessous, des boutons invitent à poursuivre la discussion avec le chatbot pour affiner la réponse. À droite, un carrousel propose des liens vers des sites sélectionnés pour leur fiabilité. C’est le nouvel enjeu de visibilité !
Pour l’instant, la fonction SGE n’est accessible que via Google Search Labs, mais elle préfigure déjà la prochaine génération du moteur de recherche où l’IA devrait prendre les clés du camion.
#2 Comment tester Google SGE depuis la France ?
Vous pouvez d’ores et déjà explorer le futur de la recherche en ligne pour anticiper et adapter votre stratégie SEO, même si l’outil n’est pour l’heure proposé qu’aux Etats-Unis. Voici comment procéder :
- Configuration du profil : commencez par créer un nouveau profil Google Chrome en utilisant une adresse Gmail classique, car les comptes Google Workspace sont (pour l’heure) incompatibles avec cette opération ;
- Réglage de la langue : dans les paramètres de Google Chrome, ajustez les préférences linguistiques pour définir l’anglais (English) comme langue principale d’utilisation et d’interface, une condition sine qua non pour accéder à SGE ;
- Utilisation d’un VPN : pour contourner les restrictions géographiques liées à la version bêta de SGE, connectez-vous via un VPN sécurisé et choisissez un serveur situé aux États-Unis. Attention : nous vous déconseillons d’ouvrir ChatGPT si vous êtes sous VPN. Le chatbot d’OpenAI risque de suspendre votre compte ;
- Vérification de la localisation : assurez-vous que Google reconnaît votre interface en anglais et vous localise bien aux États-Unis ;
- Inscription sur Google Labs : inscrivez-vous sur la liste d’attente de Google Labs. Après quelques jours, vous recevrez une notification par email confirmant que l’accès à SGE a été accordé. A partir de là, il ne vous restera plus qu’à activer la fonctionnalité depuis votre navigateur Google Chrome et explorer la version à venir de Google Search.
#3 Comment fonctionne Google SGE ?
La recette du moteur de recherche de Google a toujours été bien gardée. Forcément, celle de cette nouvelle version alimentée par l’IA le sera encore davantage.
En réalité, nous sommes sur un Google Search augmenté à trois niveaux : le traitement du langage naturel (NLP), le Deep Learning et les réseaux neuronaux. L’objectif est évident : comprendre les requêtes des internautes « avec une nuance presque humaine », selon Google, pour proposer des réponses sur mesure à deux niveaux :
- Un premier niveau, dans la partie supérieure de l’écran, avec une première réponse générée par l’IA et sourcée. Comme expliqué plus haut, c’est ce « sourcing » qui représente le premier enjeu de visibilité ;
- Un deuxième niveau, avec les résultats de recherche classiques qui redirigent vers les meilleurs sites web identifiés.
#4 Google SGE : quel impact sur le SEO ?
C’est forcément la question que tout le monde se pose. En somme, y a-t-il encore un sens à l’approche qui consiste à produire des contenus ambitieux pour attirer des clics et du trafic sur son site web, maintenant que Google propose des réponses en position zéro ? Les résultats organiques seront-ils éclipsés ?
La question est prématurée, car la réponse dépendra fortement de la pertinence de la réponse générée par l’IA. Si l’encadré se contente d’une réponse générique, il y a fort à parier que les utilisateurs développeront le réflexe de l’ignorer pour scroller vers les résultats classiques. Si elle est pertinente, on distinguera alors deux scénarios :
- Pour les requêtes de type informatif basique, l’impact sera MAJEUR. Exemple : je souhaite chercher la définition du Sales Enablement. La réponse générée par l’IA de Google sera vraisemblablement suffisante. Je n’aurai pas à cliquer pour consulter la définition sur un site web ;
- Pour les requêtes de type commercial, avec une intention d’achat, l’impact sera mineur, voire nul. En dépit de la réponse générée par l’IA, je cliquerai forcément quelque part pour consulter les prix, voir les spécifications des produits et acheter.
A noter : l’encadré SGE ne se contentera pas d’une réponse IA. Il va également agréger les liens les plus pertinents et valoriser ainsi les contenus les plus finement optimisés. La course à la première position sur Google deviendra une course pour prendre une place dans l’encadré SGE.
#5 Google SGE : comment préparer la bascule ?
A. En finir avec les contenus génériques, vagues et scolaires
Google ne s’en cache plus : ce sont les contenus E-E-A-T (Experience, Expertise, Authoritativeness, Trustworthiness) qui ont un avenir sur le moteur de recherche.
Par conséquent, évitez au maximum les contenus « broad », trop larges, et fuyez l’approche qui consiste à reformuler des contenus existants sans rien proposer d’inédit.
Veillez à bien afficher les auteurs de votre blog, à les présenter et à démontrer leur expertise (avec des liens vers leurs diplômes et certifications, si possible).
B. Du mot-clé à la question fréquemment posée par les internautes
Le point de départ de la création de contenu passera de la recherche de mots-clés à la recherche des questions les plus fréquemment posées.
Dans la mesure où le moteur de recherche se dote de capacités conversationnelles, on peut s’attendre à ce que les requêtes des internautes finissent avec un point d’interrogation.
L’approche « zéro clic » devrait donc vous pousser à répondre à des questions précises plutôt qu’à démarrer d’un mot-clé pour le traiter de manière encyclopédique, à la Wikipedia.
C. Adoptez un ton conversationnel
La recherche devient conversationnelle… et les contenus doivent s’adapter, notamment en s’affranchissant du côté théorique, académique et « pompeux » pour aller vers le conversationnel, l’utile et le fluide.
Soyez plus direct. La pyramide inversée, qui consiste à démarrer le contenu par l’information clé, n’a jamais été aussi d’actualité, tout comme les mots-clés de longue traîne.