L’âge d’or du travail à distance semble derrière nous. Selon plusieurs études, les chefs d’entreprise exigent de plus en plus le retour au bureau à temps plein, et les télétravailleurs « intensifs » ont moins été augmentés en 2024 par rapport à leurs collègues en présentiel. On fait le point…
La configuration hybride favorise l’augmentation salariale
Selon une nouvelle enquête réalisée par LinkedIn, le télétravail intégral pénalise légèrement les augmentations de salaire dans le privé, dans la mesure où les collaborateurs qui travaillent exclusivement à distance ont reçu moins de hausses de salaires que leurs collègues présents au bureau.
Dans le détail, 59 % des salariés en présentiel ont obtenu une augmentation en 2024, contre 56 % pour les télétravailleurs à temps plein. En revanche, ce sont les salariés qui travaillent selon un format hybride à dominante présentielle qui tirent leur épingle du jeu : 64 % d’entre eux ont été augmentés en 2024.
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« Cette configuration hybride émerge comme le compromis idéal », analyse Rachel Cromidas, rédactrice en chef chez LinkedIn. « Elle répond aux exigences de présence des employeurs tout en préservant la flexibilité (et la rémunération) recherchée par les salariés dans l’après-Covid ».
L’étude, menée auprès de 8 600 professionnels, ne détaille pas les raisons de cet écart salarial. Nos confrères de The Desk ont donc interrogé des chefs d’entreprise, et ces derniers ont surtout évoqué la baisse des frais professionnels en télétravail comme le transport, la garde des enfants et les repas, « une justification qui expliquerait cette moindre progression des rémunérations ».
En France comme aux États-Unis, le télétravail recule
Cette enquête signée LinkedIn intervient dans un contexte de durcissement des positions sur le télétravail. Si 82 % des entreprises du Fortune 500 américain proposaient encore du travail à distance en début d’année selon le Wall Street Journal, la tendance semble s’inverser. Les directions exigent désormais un retour au bureau et avancent les arguments de la fluidité de la communication, du moral des équipes et de la productivité.
Même son de cloche dans l’Hexagone, où la DARES explique que le recours au télétravail intensif (au moins 3 jours sur 5) est retombé à 5 % en 2023 (contre 18 % il y a trois ans). Notons également que la hausse du télétravail entre 2019 et 2023 a surtout été portée par les cadres, et « la pratique s’est fortement féminisée », selon la DARES.
Plus globalement, le mouvement du retour au bureau s’accélère particulièrement dans la tech et les médias. Apple, Amazon, Disney et X (ex-Twitter) ont imposé un retour partiel ou total sur site en 2024. Une étude KPMG publiée en septembre dernier confirme cette bascule : 80 % des PDG prévoient un retour au bureau à temps plein d’ici 3 ans, contre seulement 40 % en avril dernier.