Les acheteurs B2B sont formés pour obtenir les meilleures conditions possibles sur un deal (notamment sur le prix) au détriment des marges du prestataire ou fournisseur (logique).
Face à cette expérience en négociation et cette connaissance approfondie du marché, les commerciaux se retrouvent souvent acculés, contraints de céder sur le prix pour conclure la vente.
Cette dynamique érode la rentabilité mais aussi la perception de la valeur du produit ou service commercialisé. Voici trois approches éprouvées pour « tenir tête » aux acheteurs les plus coriaces sans (trop) compromettre vos marges.
Sommaire
#1 Maîtrisez la technique du « bracketing » sur la valeur
Au lieu de négocier uniquement sur le prix, encadrez la discussion avec des propositions de valeur différentes, en sandwich. Préparez trois offres distinctes : une offre standard, alignée sur votre prix cible, une offre premium qui inclut des services ou fonctionnalités supplémentaires à un prix plus élevé, et une offre basique, avec moins de fonctionnalités, à un prix légèrement inférieur.
Présentez ces options simultanément, en mettant l’accent sur la valeur ajoutée de chaque niveau plutôt que sur le prix lui-même. Cette technique va déplacer la conversation de « combien ça coûte » à « quelle option convient le mieux ».
Elle va aussi ancrer psychologiquement la valeur de votre offre standard entre les deux autres options, et elle donne à l’acheteur un sentiment de contrôle et de choix.
Lors de la présentation, utilisez des exemples concrets de ROI pour chaque niveau. Par exemple : « L’option premium a permis à des clients similaires d’augmenter leur productivité de 30% en moyenne, tandis que l’option standard génère typiquement une amélioration de 20%. »
Si l’acheteur insiste sur le prix, recentrez la discussion sur la valeur différenciée de chaque option plutôt que de céder sur le montant. Vous pouvez dire : « Je comprends votre préoccupation sur le prix. Explorons ensemble quelle option offre le meilleur équilibre entre valeur et investissement dans votre situation. »
#2 Exploitez le pouvoir du silence stratégique
Dans le feu de la négociation, la tendance naturelle est de combler les silences. Pourtant, le silence peut être une arme redoutable face à un acheteur professionnel qui cherche à vous faire céder sur le prix.
Lorsque l’acheteur fait une demande de réduction, résistez à l’envie de répondre immédiatement. Maintenez le contact visuel, restez calme et gardez le silence pendant 5 à 10 secondes. Ce silence crée une petite tension psychologique qui pousse souvent l’acheteur à justifier davantage sa demande et à révéler des informations précieuses sur ses besoins, son objection ou ses motivations.
Si vous avez un peu de chance, il pourra même adoucir sa position face à votre apparente fermeté, ou proposer lui-même un compromis pour sortir de cette situation relativement inconfortable.
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Évidemment, la technique du silence stratégique ne garantit pas à elle seule un changement de position de l’acheteur. Cependant, elle crée un espace propice à l’émergence de nouvelles informations ou perspectives, et prépare le terrain pour une discussion plus approfondie sur la valeur plutôt que sur le prix seul. Son efficacité réside dans sa capacité à déstabiliser subtilement la dynamique de négociation.
Pour maximiser l’effet de la technique :
- Pratiquez-la en amont avec des collègues pour vous sentir à l’aise avec ces moments de silence ;
- Utilisez un langage corporel ouvert mais ferme pendant ces pauses : gardez une posture droite, évitez les gestes nerveux ;
- Après le silence, répondez de manière réfléchie, en vous concentrant sur la valeur de votre offre plutôt que sur la justification du prix.
Par exemple, après un silence, vous pourriez dire : « Je comprends votre préoccupation. Cependant, compte tenu de la valeur ajoutée que notre solution apporte, notamment [citez un bénéfice clé], ce prix reste très compétitif pour le marché ».
#3 Démontrez la valeur avec une analyse de coût d’inaction
Au lieu de justifier votre prix, focalisez la discussion sur le coût de l’inaction. Cette technique déplace l’attention de l’acheteur du prix immédiat vers les implications financières à long terme du scénario dans lequel sa problématique resterait non résolue.
Préparez une analyse détaillée montrant :
- Les coûts directs et indirects liés aux problèmes actuels que votre solution résout ;
- Les opportunités manquées (coût d’opportunité ou manque à gagner) sans votre produit ou service ;
- La projection des pertes cumulées sur 1, 3 et 5 ans si le statu quo est maintenu.
Présentez ces données visuellement, avec des graphiques qui comparent le coût total de possession de votre solution versus le coût de l’inaction. Intégrez des KPIs spécifiques au secteur d’activité du prospect pour renforcer la pertinence et montrer que vous savez de quoi vous parlez. Par exemple :
« Sans notre solution d’optimisation des processus, vos coûts opérationnels actuels vous font perdre environ 50 000 € par an. Sur trois ans, cela représente 150 000 €, sans compter l’inflation et la croissance de votre entreprise (coûts fixes). Notre solution, à 30 000 € par an, vous permet d’économiser cette somme, mais aussi d’augmenter votre productivité de 10 %, soit un gain supplémentaire estimé à 75 000 € par an ».
Cette approche aide l’acheteur à percevoir votre prix comme un investissement plutôt qu’une dépense. Mais soyez préparé : un acheteur professionnel aguerri pourrait contester vos chiffres. Assurez-vous d’avoir des sources crédibles pour étayer votre analyse et soyez prêt à ajuster vos calculs en fonction des données qu’il vous donnera sur place.