La durée de vie des diplômes académiques n’a pas jamais été aussi courte… et c’est le VP de LinkedIn qui le dit. Il faut dire qu’un auditeur qui sort aujourd’hui des bancs de l’école, aussi prestigieuse soit-elle, aura une lacune majeure : il ne sera probablement pas en mesure de mobiliser l’IA dans son quotidien. Décryptage…
Un auditeur qui sort aujourd’hui des bancs de l’école… devra passer des centaines d’heures à se former à l’IA appliquée à son métier
Ce n’est pas votre licence ou master en management qui fera la différence face à votre recruteur. C’est ce que pense Aneesh Raman, vice-président de LinkedIn, qui se base sur la Data du réseau social de Microsoft. Manifestement, les responsables RH et autres chasseurs de tête boudent le champ « formation » du formulaire de recherche pour s’intéresser davantage aux soft-skills, aux réalisations et aux compétences techniques.
Aneesh, pourtant diplômé de Harvard, estime que le marché de l’emploi bénéficie désormais davantage aux profils débrouillards, polyvalents, de type « couteau suisse », qui démontrent également un sens aigu de la communication, une créativité pragmatique et utile sur le plan business ainsi qu’une grande capacité d’adaptation pour évoluer avec les nouvelles itérations quasi-mensuelles de la technologie, notamment l’Intelligence Artificielle générative et le Machine Learning, mais pas seulement : le bouleversement profond du SEO avec la mue des moteurs de recherche qui deviennent des « moteurs de réponse », l’évolution du paradigme de la publicité en ligne avec la disparition des cookies tiers, etc.
« Au cours des dernières décennies, avec l’avènement de l’ère internet, l’accent a été mis, de manière compréhensible, sur les compétences techniques : diplômes en informatique, stages intensifs de programmation, qualifications et compétences techniques », explique Raman dans le dernier épisode du podcast WorkLab de Microsoft. Désormais, « la durée de vie utile d’un diplôme se réduit de manière assez spectaculaire »… et pas seulement dans la tech.
Un auditeur qui sort aujourd’hui des bancs de l’école devra probablement passer des centaines d’heures à se former à l’IA appliquée à l’audit. Ce sera aussi le cas pour un journaliste, un analyste financier, un web designer ou un ingénieur Data.
Les talents de l’IA ne sont pas forcément des ingénieurs ou des AI scientists
Si la majorité des décideurs sondés par LinkedIn plaident en effet en faveur de la compétence plutôt que le simple cursus académique, leurs structures restent attachées au paradigme RH traditionnel, qui se base davantage sur l’établissement de formation que l’apport réel au business. D’un autre côté, « il n’est pas aussi simple de filtrer les candidats en fonction des compétences que de le faire en fonction des diplômes », et c’est le VP de LinkedIn qui le dit.
C’est pourquoi le réseau social de Microsoft s’active pour infuser l’IA et le Machine Learning dans les outils qu’il met à disposition des recruteurs.
Dans une étude diffusée à la fin de l’été dernier, LinkedIn explique que le nombre d’offres d’emploi qui mentionnent l’IA sous une forme ou une autre (genAI, IA, ChatGPT, GPT…) a été multiplié par 21 en 2023 (par rapport à 2022).
Les géants de la tech comme Meta, Amazon et même Netflix proposent des salaires allant jusqu’à 800 000 € par an pour attirer les meilleurs talents de l’IA générative. La tendance déborde également sur les grandes boîtes hors IT, qui évoluent notamment dans le droit, la santé et l’industrie du divertissement. Les « talents de l’IA » ne sont pas forcément des ingénieurs. Il peut s’agir de professionnels de la verticale métier qui ont développé un savoir-faire « terrain » de la technologie.