L’automatisation des tâches commerciales franchit un cap décisif. Il y a un peu plus d’un mois, la startup californienne 11x a bouclé une levée de fonds de 50M$ pour industrialiser ses « travailleurs numériques », des agents IA qui prennent en charge la prospection, la qualification et le suivi client.
Ce tour de table symbolise un basculement plus large dans la tech B2B : les fonds d’investissement ne financent plus l’optimisation des process de vente, mais bien leur refonte totale par l’IA. Décryptage…
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11x lève 50M$ pour « industrialiser » l’automatisation des tâches chronophages de la force de vente
Il y a un peu plus d’un mois, la startup californienne 11x bouclait un tour de table de 50 millions de dollars, à peine trois mois après sa série A. Une accélération brutale qui traduit une ambition : transformer les commerciaux en superviseurs d’agents IA plutôt qu’en exécutants de tâches répétitives.
Alice, la SDR virtuelle, et Jordan, le téléprospecteur IA
La proposition de valeur de 11x veut rompre avec la logique des outils de vente traditionnels. Exit les CRM, les automatisations partielles et les assistants (humains comme virtuels). 11x promet des « travailleurs numériques » qui gèrent les tâches chronophages.
Alice, la SDR virtuelle de la jeune pousse, qualifie les leads avec un taux de réponse trois fois supérieur à celui des équipes humaines, promet 11x. Jordan, le téléprospecteur IA, traite les demandes en 30 langues avec des délais divisés par dix par rapport à ses homologues humains.
11x rachète Okpit pour se positionner dans le secteur de la santé
Cette série B s’accompagne également d’une acquisition stratégique : Opkit, startup spécialisée dans l’IA appliquée au secteur de la santé. Ses cofondateurs Sherwood Callaway et Justin Ko prennent la direction technique d’Alice 2.0 aux côtés du CTO Prabhav Jain et du CPO Keith Fearon.
L’objectif annoncé est de construire un agent commercial autonome capable d’apprendre de chaque interaction dans une granularité inédite dans l’histoire de la fonction commerciale.
La Dream Team de la tech américaine au service de la vente IA
Ce tour de table avait réuni les poids lourds de la tech américaine : Andreessen Horowitz en investisseur principal, suivi par Benchmark, Quiet Capital et SV Angel. Les dirigeants de Replit, Box et Playground ont également investi à titre personnel. Leur conviction : les équipes commerciales perdent (encore) 70 % de leur temps dans des tâches administratives au détriment de la vente pure.
La promesse de 11x est très ambitieuse : un agent IA peut gérer les tâches administratives de 11 commerciaux à temps plein sur l’ensemble du cycle de revenus, de la prospection froide à l’analyse du pipe en passant par la qualification et le suivi. Un argument qui a convaincu les fonds d’investissement : le prochain Salesforce ne sera pas un CRM, mais une équipe d’agents IA qui libèrent du temps commercial.
La startup prévoit enfin d’investir dans ses bureaux de San Francisco pour accélérer le développement de son produit. Sa feuille de route 2025 prévoit d’ailleurs le lancement de nouveaux agents spécialisés par verticale business, signe que l’automatisation des tâches commerciales devient un marché mature.
Ce que révèle la nouvelle orientation des investissements de la tech B2B
Le signal est clair : les fonds d’investissement ne misent plus sur les propositions de valeur autour de l’optimisation des process B2B. Ils sont plutôt dans leur refonte totale par l’IA. La levée de 11x illustre parfaitement ce nouveau paradigme qui traverse toute la tech B2B.
En réalité, l’automatisation sort enfin de sa zone de confort. Jusqu’ici, l’IA se contentait d’assister les tâches basiques et répétitives : emails en masse, relances programmées, scoring basique, etc. Les agents de 11x, comme d’autres solutions émergentes, franchissent une ligne rouge historique : ils remplacent intégralement des pans entiers du métier de commercial, de la qualification à la relance multi-canal.
Cette approche « agent vs. logiciel » gagne tous les segments du B2B. Si les éditeurs traditionnels empilent les fonctionnalités dans des interfaces toujours plus complexes, les acteurs les plus innovants prennent le contrepied : un agent IA par fonction, capable d’apprendre et de s’améliorer au quotidien. Une architecture qui rappelle l’émergence des micro-services dans le développement logiciel il y a dix ans.
Le ratio « 1 pour 11 » de 11x symbolise bien la rupture en cours. Les SaaS classiques optimisent les process de 10 ou 20 %, tandis que les nouveaux entrants (ou les acteurs historiques qui innovent) promettent une division par 10 ou 15 des ressources nécessaires. Un saut quantique qui explique l’afflux de capitaux sur ces projets d’automatisation.
Cette vision fascine les fonds d’investissement car elle dessine un nouveau modèle économique pour la tech B2B. Le business model passe de la licence par utilisateur à une facturation basée sur la valeur créée. Un agent qui fait le travail de 11 personnes peut être vendu une fraction du coût salarial économisé.